À quelques heures du premier débat des chefs…
Branding / ImageDébats des chefs dimanche, lundi, mardi et mercredi au Québec. Je me permets ici quelques remarques en vrac.
Cette campagne estivale prendra officiellement son envol dimanche soir à l’antenne de Radio-Canada et de Télé-Québec.
À l’évidence, comme je le mentionne en entrevue à Louis Lacroix du FM98,5, ces quatre débats constitueront la pièce de résistance de cette campagne électorale.
Quatre débats, c’est bien sûr quatre fois plus de chances de s’empêtrer. Mais quatre débats créeront aussi un effet de dilution dans la population.
Dans ce contexte, il sera important pour les chefs de commencer avec force chacun de ces débats.
Pour les observateurs et les partis, il sera par ailleurs important de s’intéresser à la couverture médiatique relative aux débats : ce que les journalistes en diront.
Ces quatre rendez-vous (un à Radio-Canada/Télé-Québec réunissant les trois principaux chefs et Madame David de Québec solidaire, et trois débats face-à-face à TVA avec les trois principaux chefs) seront pour Monsieur Legault une occasion en or de présenter son parti, ses idées et ses promesses. Objectif : dépasser le seul thème de la corruption.
La performance de Monsieur Legault aux débats, le moins bon communicateur des trois principaux chefs, mais un as du marketing politique, fera probablement la différence entre un plateau dans les intentions de vote, une progression vers le haut ou vers le bas dans les sondages.
En ce qui a trait à Madame Marois, les quatre débats seront le moment clé d’une carrière politique qui s’étale sur plusieurs décennies. Je continue à penser que dans un contexte normal, Madame Marois devrait bénéficier d’une avance plus solide dans les intentions de votes à ce stade-ci de la campagne. Pourtant, ce n’est pas le cas.
Le mandat de Madame Marois durant ces quatre débats sera donc le suivant : peaufiner son image (s’exprimer simplement, sans prétention) et donc séduire l’électorat qui aura l’occasion pour la première fois de pouvoir comparer les chefs les uns à côté des autres. Objectif : travailler son capital de sympathie.
Si Madame Marois veut devenir première ministre, elle devra donner la performance de sa carrière lorsqu’elle affrontera Monsieur Legault à l’antenne de TVA (débat un contre un) pour séduire le vote anti-Libéral. Il s’agira d’un rendez-vous clé pour la suite des événements.
Dans le cas de Monsieur Charest, le meilleur communicateur des trois et celui qui a le plus d’expérience dans les débats télévisés (on se souviendra de son KO technique contre Bernard Landry lors du débat de 2003), la commande est majeure : renverser une tendance qui pourrait ultimement donner lieu à une défaite aux mains de Madame Marois ou, qui sait, à un deuxième effet Layton.
Objectif : revenir aux thèmes qui ont fait la force historique du Parti libéral et délaisser l’argument de la responsabilité, concept abstrait peu accrocheur.
Le débat : un spectacle
De nos jours, le débat a remplacé les assemblées. Dans certains cas, il renforce l’identification et il peut faire la différence dans le déroulement d’une campagne. C’est spécialement vrai dans le cas d’une campagne en plein milieu de l’été, comme c’est la cas ici, avec en prime quatre débats et autant de chances de glisser sur une peau de banane.
Au-delà des grands discours et des programmes de partis, ces débats nous rappellent que la politique est devenue une scène de théâtre, ou si vous aimez mieux, un spectacle.
Comme je le mentionne à Isabelle Maher du Journal de Montréal, nous sommes dans l’univers des émotions et de ce que les psychologues appellent les biais de perception.
Au lendemain des débats, les électeurs auront généralement une vague impression : un tel est calme et maîtrise bien ses dossiers ; un tel autre était souvent sur la défensive et très animé.
Un dernier constat : dans une lutte à trois, la différence entre une victoire et une défaite réside, entre autres, dans la capacité qu’a un chef de parti de séduire les mous et les indécis.
Les « branleurs dans le manche » ont le profil suivant : ils s’intéressent peu à la politique, ils regardent beaucoup la télévision et ils sont très sensibles aux campagnes de dénigrement (publicité négative). Ils regardent aussi le débat des chefs pendant une quinzaine de minutes.
En milieu de campagne, ils composent parfois jusqu’à 20 % de l’électorat (c’est le cas dans la présente campagne selon un sondage récent). Et le jour de l’élection, ils font souvent pencher la balance dans un sens ou dans l’autre. Prenons-en bonne note.
Voir aussi :