Le marketing des films du temps des fêtes
Culture populaireLe temps de Fêtes est une période importante pour les cinéphiles. De nombreux films prennent d’ailleurs l’affiche ces jours-ci. Comment les distributeurs et les propriétaires de salles de cinéma tirent-ils leur épingle du jeu? En pleine folie Rogue One : une histoire de Star Wars, je discute avec Karine Lessard de Radio-Canada de l’importance stratégique de cette période pour l’industrie du film… et des jouets !
Pour la petite histoire, le premier projet intitulé The Star Wars contient 14 pages écrites à la main. Monsieur Lucas comprend dès le départ l’importance de créer un monde féérique. Pour ce faire, il n’hésite pas à choquer l’industrie.
Pour un, il fait débuter chacun de ses films non pas par un générique, mais par un texte déroulant à l’horizontal et présentant l’intrigue, fortement inspiré des débuts de Flash Gordon, faut-il le préciser.
Lucas sera d’ailleurs poursuivi par la Directors Guild of America et de la Writers Guild of America à cause de son refus de débuter ses films par un générique.
Par ailleurs, les 8 films Star Wars de George Lucas utilisent une formule éprouvée, inspirée des écrits de Joseph Campbell.
Star Wars, c’est le voyage initiatique d’un héros. La série cristallise l’éternel combat entre le bien et le mal avec ses héros et méchants, princes, magiciens et ogres.
À l’évidence, George Lucas est un conteur de grand talent. Il entre à l’University of Southern California pour y étudier le cinéma et tourne son premier film: THX 1138.
C’est là qu’il devient un passionné de contes et de légendes. En cours de réflexion, il découvre un livre clé qui va changer sa vie : Les héros sont éternels de Joseph Campbell.
Quand on lui demande d’expliquer le processus créatif relatif à la création de Star Wars, Lucas déclare :
« J’ai d’abord essayé d’adapter certains grands principes de la mythologie à mon histoire. Comme cela ne fonctionnait pas, j’ai finalement décidé de laisser tomber et de me concentrer à la rédaction de l’histoire à part entière. J’ai découvert, en me relisant, que tous les principes mythiques étaient présents. »
En entrevue, il affiche une fascination pour le mythe. « Toutes les histoires mythiques possèdent une réserve commune d’images et de symboles », aime à répéter Lucas.
Pour respecter la structure mythique, le héros doit se couper du monde ordinaire, puis subir une série d’épreuves : l’initiation. Luke, l’adolescent rebel, avide d’aventures, se métamorphose ensuite en héros. Au cours de son itinéraire, il croise ogres et magiciens, labyrinthes et pièges.
Cette recette a permis à George Lucas de générer des ventes remarquables.
(En passant, suite aux ventes décevantes des produits associés au film Godzilla en 1998, c’est Lucas qui va racheter la production invendue pour ensuite la faire fondre et la transformer en poupée Star Wars ! Brillant le monsieur !)
En cours de route, Lucas devient un control freak. Il sélectionne les cinémas qui présenteront son film ; il exige de se faire payer à chaque semaine plutôt qu’aux deux semaines ; il exige qu’on lui donne la salle la plus grande du cinéma ; il interdit les publicités avant ses films ; et le film doit rester à l’affiche au moins douze semaines dans chaque salle.
Lucas développe aussi le concept de teasing afin d’annoncer le lancement prochain d’un autre film de la saga. Mais comme il génère jusqu’à 10 % des profits de la Fox certaines années, on laisse libre cours à ses demandes.
Au total, les ventes de la marque incluant celles des produits dérivés et des films s’élèveraient à environ 30 milliards $. Il est vrai que les différents films de la série ont donné naissance à des jeux vidéo, des romans, des bandes dessinées, et bien sûr, des poupées pour hommes ou figurines, si vous aimez mieux.
Pas mal pour un gars qui accepta de réduire son cachet de moitié pour financer la fin du tournage de son premier film au milieu des années 70 en échange des droits sur les produits dérivés.
Une autre approche qui a d’ailleurs changé de fond en comble l’industrie du cinéma et permis à Lucas d’être l’un des actionnaires les plus importants de Kenner qui deviendra par la suite Hasbro, l’un des deux géants du jouet avec Mattel… Mais c’était avant la vente de Star Wars à Disney pour 4 milliards $…